Henri Lion

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Antonin Lion
Henri Lion
Image illustrative de l’article Henri Lion

Naissance
Toulouse
Décès (à 49 ans)
Camp de Mauthausen
Origine Français
Type de militance Imprimeur
Cause défendue Libertaire
Anarcho-syndicalisme
Hommages Rue des Frères-Lion
Famille Célibataire

Antonin Lion ou Henri Lion, né le à Toulouse et mort gazé le au château de Hartheim (Mauthausen), est un maître-imprimeur, libre-penseur[1] franc-maçon[2],[3] et militant anarchiste.

Dès 1941, avec son frère Raoul Lion, ils s'engagent dans la résistance antifasciste, pour laquelle ils impriment de nombreuses publications clandestines et des faux papiers.

Imprimeur libertaire[modifier | modifier le code]

Fils de Jean-Louis Lion, typographe anarcho-syndicaliste[4], Antonin Lion, couramment appelé Henri, avait avec son frère Raoul repris l’imprimerie fondée par leur père à Toulouse.

Avec son frère, ils impriment entre les deux guerres de nombreuses affiches, tracts et journaux du mouvement libertaire et notamment la revue mensuelle Plus loin (1931-1939)[5] et les Publications de La Révolte et temps nouveaux[6].

Résistant antifasciste[modifier | modifier le code]

Plaque commémorative à Francisco Ponzán Vidal au mémorial de Buzet-sur-Tarn.

Dès la fin de la guerre d’Espagne, ils sont en contact avec le réseau monté par Francisco Ponzán Vidal, militant libertaire espagnol de la Confédération nationale du travail réfugié en France à la suite de la Retirada : c’est eux qui en impriment en espagnol le manifeste de l’Alliance démocratique espagnole (ADE) appelant à la neutralité de l’Espagne dans le conflit mondial.

Pendant l’occupation, les frères Henri et Raoul Lion mettent très vite leur imprimerie au service de la résistance[7],[8], en particulier du réseau Combat[9]. Ils impriment tracts, journaux, cartes d'alimentation et tickets pour le ravitaillement des maquis, et des faux papiers pour les personnes recherchées par la police et la Gestapo[10]. Ils permettent notamment au militant libertaire espagnol Josep Ester i Borrás (es) (José Ester Borras) d’obtenir les papiers nécessaires au bon fonctionnement de son groupe de résistance Liberté.

En liaison avec Jean-René Saulière, qui anime depuis Marseille un réseau anarchiste dans le Midi de la France, ils impriment en 1943 la brochure Les Coupables (rédigée par André Arru et Voline[11]) et le journal La Raison, « organe de la Fédération Internationale Syndicaliste Révolutionnaire »[12]. Ils impriment également, en 1942, la première édition clandestine du livre de l’anarcho-syndicaliste Pierre Besnard, Pour assurer la paix : comment organiser le monde[13].

Arrestation et déportation[modifier | modifier le code]

Ils sont perquisitionnés à deux reprises par la police qui ne trouve rien, d'une part parce que les papiers clandestins partent dès l'impression, d'autre part parce que les imprimeurs sont prévenus.

Les frères Lion sont finalement arrêtés à la suite de la dénonciation d’un jeune collaborateur français[14].

Le , la Gestapo perquisitionne les deux ateliers[15]. Raoul et Henri Lion, Amélie, l’épouse de ce dernier, et l’ensemble du personnel sont arrêtés, dont un jeune apprenti conducteur-typographe de 17 ans, Georges Séguy (le futur secrétaire général de la CGT en 1967)[16],[17], Marcelle Fontes[18] et Adolphe Coll[19].

En quelques jours, une quarantaine de personnes tombent dans la souricière, dont Adolphe Coll et l'instituteur Maurice Fonvieille (responsables régionaux du mouvement Libérer et fédérer)[20], ainsi que Raymond Naves (principal responsable local du Réseau Brutus et du Comité d'action socialiste clandestin qui publie Le Populaire du Sud Ouest)[21],[22]. et Louis Plana (responsable local de France Combat).

Incarcérés à la Prison Saint-Michel, ils sont interrogés au siège de la Gestapo de Toulouse. Henri Lion y est sévèrement frappé.

Le , il est transféré avec son frère et ses employés à Paris, puis au camp de Compiègne, d’où, le , ils sont déportés au camp de concentration de Mauthausen.

Envoyé à Gusen, il est gazé au Château de Hartheim le , neuf jours après son frère Raoul.

Raoul Lion[modifier | modifier le code]

Son frère Raoul Lion, né le à Toulouse et mort gazé le au Château de Hartheim (Mauthausen) est un typographe anarchiste. Actif dans la Résistance, il est arrêté par la Gestapo le dans son imprimerie et transférés le à Paris puis déporté, le , de Compiègne vers Mauthausen.

Son activité politique se confond jusqu’au bout avec celle de son frère.

Les frères Lion[modifier | modifier le code]

Libertaires et antifascistes[23], l’engagement politique des frères Lion est connu de tous. « Une conscience politique forgée dès leur plus jeune âge par leur père, Jean-Louis, lui-même imprimeur et fer de lance du mouvement anarcho-syndicaliste toulousain du début du XXe siècle » indique le musée départemental de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne.

Françoise d'Eaubonne parlent des « deux imprimeurs les plus téméraires de Toulouse »[24].

Hommages[modifier | modifier le code]

  • À la Libération, la place Dupuy, à Toulouse, fut rebaptisée place des Frères-Lion. Finalement, leur nom fut attribué à une rue voisine, la rue des Frères-Lion ;
  • Une plaque est posée à l'emplacement de l'imprimerie d'Henri Lion, au 23 rue Croix-Baragnon à Toulouse[25].
  • Une boite aux lettres de la ville de Toulouse porte son effigie parmi celles d'autres résistants, œuvre du street artist C215. Le portrait d'Henri Lion est quelques jours après affublé d'une croix gammée, ce qui fait réagir l'artiste [1]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paul Voivenel, In hoc signo, Éditions de l'Archer, 1959.
  • Anne Thouzet, Gilles Bernard, La Haute-Garonne à travers ses archives, La Seconde Guerre mondiale, Fondation pour la mémoire de la déportation, Livre-Mémorial des déportés de France, 1997.
  • Sylvie Knoerr-Saulière, Francis Kaigre, Jean-René Saulière dit André Arru : un individualiste solidaire, 1911-1999, Amis d’André Arru, Libre pensée autonome des Bouches-du-Rhône, 2004.
  • Elérika Leroy, Les frères Lion, imprimeurs de la Résistance, in Toulouse, mémoire de rues - Guide historique de la Résistance à Toulouse à travers les plaques de rue et les stèles commémoratives du centre-ville, Mairie de Toulouse, 2006, pp. 52-53.
  • Antonio Téllez, Le réseau d’évasion du groupe Ponzan, Éditions du Coquelicot, 2008.
  • Georges Séguy : Résister de Mauthausen à Mai 68, l'Archipel, Paris, 2008, extraits en ligne.
  • Patrice Castel, Antimaçonnisme, francs-maçons et résistance dans le Midi toulousain : de la persécution à la reconstruction des loges, 1940-1945, Les 2 Encres, 2009, extraits en ligne.
  • (es) Antonio Téllez, La Red De Evasión Del Grupo Ponzán. Anarquistas en la guerra secreta contra el franquismo y el nazismo (1936-1944).

Notices[modifier | modifier le code]

Antonin Lion / Henri Lion[modifier | modifier le code]

Raoul Lion[modifier | modifier le code]

Imprimerie toulousaine (Lion)[modifier | modifier le code]

  • Catalogue général des éditions et collections anarchistes francophones : notice.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Auguste Gillot, Simone Gillot, Un couple dans la Résistance, Éditions Sociales, 1975 ; rééd. 1976. Traduction en hongrois, Éditions Kossuth, Budapest, 1979, page 273.
  2. Grand Orient de France, Cinq cents Franc-Maçons du Grand Orient de France, 1939-1945, Commémoration devant le mur du souvenir du Grand Orient de France, 29 avril 2006, lire en ligne
  3. André Combes, La Franc-maçonnerie sous l'occupation : Persécution et Résistance (1939-1945), Paris, Éditions du Rocher, coll. « Franc-maçonnerie » (réimpr. 2005) (1re éd. 2001), couv. ill., 421, 24 cm (ISBN 978-2268074627 et 2-268-04112-3, OCLC 422242486, SUDOC 060767421, présentation en ligne, lire en ligne), p. 236, 237 et 412 (consulté le 30 juillet 2018)
  4. Notice Centre International de Recherches sur l'Anarchisme (Lausanne) : J. Lion.
  5. René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : Plus loin.
  6. René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : Publications de La Révolte et temps nouveaux.
  7. Marcel Ruby, La Résistance à Lyon (19 juin 1940-3 septembre 1944), Éditions L'Hermès, 1979, vol. 1, page 164.
  8. José Jornet (dir.), Républicains espagnols en Midi-Pyrénées : exil, histoire et mémoire, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 2005, page 167, note 18.
  9. Bernard Michal, Histoire secrète des maquis en France, Genève, Éditions Crémille, 1971, page 24.
  10. Michel Goubet, Paul Debauges, Histoire de la Résistance dans la Haute-Garonne, Milan, 1991, page 76.
  11. Michel Sahuc, Un regard noir. La mouvance anarchiste française au seuil de la Seconde Guerre mondiale et sous l'occupation nazie (1936-1945), Éditions du Monde libertaire, 2011, page 102.
  12. René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : La Raison.
  13. Dictionnaire des anarchistes : Pierre Besnard.
  14. Rémy Cazals, Lettres de réfugiées. Le réseau de Borieblanque. Des étrangères dans la France de Vichy, Tallandier, 2004, page 428.
  15. Lucien Steinberg, Jean Marie Fitère, Les Allemands en France : 1940-1944, Albin Michel, 1980, page 254.
  16. Elérika Leroy, Toulouse, mémoire de rues - Guide historique de la Résistance à Toulouse à travers les plaques de rue et les stèles commémoratives du centre-ville, Mairie de Toulouse, 2006, page 53.
  17. Jean-Pierre Azéma, Nouvelle histoire de la France contemporaine - De Munich à la libération : 1938-1944, Seuil, 1979, page 261.
  18. Vies de résistances, Concours départemental de la Résistance et de la Déportation, Musée départemental de la Résistance et de la Déportation, 2011, lire en ligne.
  19. « archive-fr.com/page/2038798/20… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  20. Libérer et fédérer, n°1, 14 juillet 1942, voir en ligne.
  21. José-Ramón Cubero, La Résistance à Toulouse et dans la Région 4, éditions Sud Ouest, 1 janvier 2005, page 214.
  22. Jean-Marc Binot et Bernard Boyer, Nom de code : Brutus. Histoire d'un réseau de la France libre, Fayard, 2007, lire en ligne
  23. Georges Séguy, Résister de Mauthausen à Mai 68, L'Archipel, Paris, 2008, lire en ligne.
  24. Françoise d'Eaubonne, Mémoires irréductibles: de l'entre-deux-guerres à l'an 2000, Dagorno, 2001, page 406.
  25. Plaque commémorative, située rue Croix-Baragnon, publié le 19 octobre 2014 par Claude Richard, sur le site MémorialGenWeb (consulté le 30 juillet 2018)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]